mercredi 26 décembre 2007

Feliz navidad a todos!!!

Ma veillée de Noël en famille fut très rapide et un peu à la friture, parce que la connection ici n'est pas terrible... mais ça m'a fait plaisir de vous avoir au téléphone!
Vers cinq heure de l'après midi est venu me rendre visite Norman Gutierrez... Un des premiers employers de blueEnergy, que je connais d'il y a deux ans. Il ne travaille plus avec nous... des problèmes de voles, un caractère instable, une assiduité discutable... Un drole de type: petit, trapu, la boule a zéro, une grosse barbe un peu rousse, la peau claire... Il parle fort, est très (trop) expressif... Mais on a passé déjà de bons moments (on a été ensemble a l'atelier tous les jours pendant quatre mois...!) Il est un peu psychopate, c'est clair, et regarde les filles de 14 ans d'un peu trop près pour qu'il puisse m'être un jour un aimable, mais bon... je vais pas le foutre a la porte... Et c'est Noël! Et je lui ai toujours dit que un des ces quatres, on boira une bière ensemble...
Adelante!
-¡Hola! ¡Que tal!
-¡Hola maricon!(c'est son sobriquet prefere! j'en tairais ici la traduction...)
-¡Entra, entra!
-¡Assi te dejaron solito en la casa!
-¡Si! ves se fueron todos...
-¿Y la cervesa?
-¿Euhh si, si, se puede conseguir!?!!
-¡Vamos!
on est allé au bar Tuba a 50 m, là ou on achète la bière d'habitude (28 cordoba le litre...=1euro, ouh yeah!!!) J'en ai acheté huit, des fois que j'ai de la visite ce soir...
on est rentré a la maison. Et bin comme visite, il y a René qui est venu boire un petit verre, mais rapide, parce qu'il allait danser ce soir, et qu'il est en moto (il est super réglo René... ça court pas les rues d'ici des mecs comme lui!). Norman est resté jusqu'à onze heure du soir et il ne restait plus que deux litres au frigo... Et je l'ai pas laissé les boire tout seul, ceux qui me connaissent la dessus ne démentiront pas!!!! et voilà... (bof en fait, en presque six heure, trois litre , ca fait du demi litre a l'heure... rien d'extraordinaire, non?)
-c'était bien ta veillée de Noël au Nicaragua Seb?
-Ouai, bin, j'ai pissé trois litres...
-Ouai, cool!!!
-Ouaiiii!!!!
On était assis chacun dans un fauteuil, à siroter, et Norman racontait... En fait, c'est pas faute d'avoir essayé de parler un peu aussi, mais il est pas du genre a écouter... Norman, c'est un ancien guerillero de la guerre centre américaine fin 80, début 90. Il a fait ses études a Cuba, en technique de construction navale. (il m'a raconté comment il a été recueilli dans une famille là-bas). Et après il a été en comando dans les forêt Nicaraguayennes... J'ai eu le droit a tous les détails, les bruitages, les grimaces des agonisants, les râles des blessés... ses missions suicide... il racontait ca avec grand passion... BOUMMM, et on a couru la, et on les a bien bombardés ceux la, KABOUUUHM, et j'avais toujours un pantalon et un pull propre pour dormir, parce que c'est important de bien se reposer, et d'utiliser le sale pendant la journée, TAKATAKATAKA... mon petit frere s'est fait touché, et je me suis perdu dans la forêt, et la guerre c'est la pire chose qui puisse exister....
Il a des problemes d'audition... dehors, il y avait des pétards toute la soirée (les gamins adorent les pétards... il y en a presque toute l'année un peu...mais le soir de Noël, c'est nouvel an a Mittelhausen! Ca pète dans tous les sens!!!) et Norman n'aime pas les pétards, ça lui arrivait de sursauter et chercher d'où ça vient...
Je ne sais pas dans quelle mesure tout ce qu'il me racontait était du vécu, ou des fables (c'est connu que Norman aime bien raconter...), mais hum, comment dirais-je... ce mec a quarante ans, il est fort comme un bœuf, et il me raconte de ces trucs comme si c'était hier... j'ai jamais réellement fait face a des récits de mémoires d'embusqué, si ce n'est des anciens avec un accent alsacien qui racontent un temps révolu... On est d'heureux naïfs les occidentaux modernes... et comment!!!
combien de génération d'homme a vécu sans guerre, sans crainte qu'un semblable vienne le zigouiller pendant la nuit, pas beaucoup, hein, on a même pas besoin des deux mains pour les compter!
Vive la trève de Noël!
"Paix sur Terre aux hommes qu'Il aime!!!!"
Il leur donne la paix,
c'est Noël... la guerre est finie au Nicaragua...
Mais pas la misère, ni les bastons à la machette...
L'an dernier, Norman a passé sa nuit de Noël en prison parce que trop bourré il avait cogné un flic...
vive les idéalistes de l'Amour triomphant, vive la paix, soyons-en ses artisans!
oulàlà j'ai un peu trop bu moi!
JOYEUX NOEL!!!

Sur le chemin de Noel...

René, c'est mon super pote Nica, sans qui mon séjour ici serait sans doute plus fade et moins riche d'expériences. C'est mon pote d'ici quoi... je lui apprends des gros mots en français, il m'apprend la drague créole (que je n'égalerai oh grand jamais, passke jsuis qu'Alsacien moi...!!!) on va ensemble pour danser, on rigole ensemble, on picole ensemble, il me présente aux demoiselles nicaraguayennes, je lui présente les volontaires françaises... bref on partage tout quoi...!!! (euh, j'ai dit un truc de travers là!?!....). Et surtout j'ai toute confiance en lui, et beaucoup d'admiration connaissant ses racines et là ou il en est... (disons que sa vie de famille n'est pas vraiment rose, comme pas mal de gens ici... et "pas vraiment", je pèse bien mes mots, même s'il n'a pas la pire des situations). Et René vient me tenir compagnie un peu tous ces derniers jours où je suis tout seul a la maison... Je dis BIG UP POUR RENE !!!!! You´re my bro, Bro!!!

Et oui je passe mes fêtes de fin d'année dans une maison vide... Tous sont partis pour fêter Noël ailleurs, moi je garde la maison... (disons qu'ici, une maison vide de gens attire les convoitises, encore plus si elle est habitée par des Gringos, Cheles, ou autres blancs fortunés....!).
Donc voila, j'ai permis comme ça a Pina d'aller fêter Noël avec sa famille, parce que ça faisait deux ans consécutifs qu'elle gardait la maison avec ses deux enfants.
Du coup mon Noël je l'ai passé (presque) seul ici à Bluefields (d'où une série de photos débiles dont je vous ai fait part d'un échantillon... bein ouai, la fantaisie galope dans ma solitude...!)
C'est comment un Noël a Bluefields me direz vous?
Et bien ça commence dès mi-novembre, a la radio... Les classiques de Noël version socca ou raggaton...! Et comme il n'y en a quand même pas une flopée, on entend ces tubes a longueur de journée, et de plus en plus au fur et a mesure qu'on va vers le 24 décembre... (même dans les dancings (parce que on peut pas vraiment appeler ça des boites de nuit), on danse au son de Jingle Bells et Oh! Tannenbaum...! trop bien!).
Puis la ville se prépare... beaucoup de gens repeignent leur maison (ou lavent les murs et grilles a défaut de peinture), mettent des guirlandes lumineuses, habillent un sapin en plastique de boules et de clignotants colorés dans leur salon... un peu comme chez nous, quoi...

Les plus pieux vont participer a des rassemblements comme la Purissima: on se regroupe chez une grande famille, serrés a une centaine debout dans trente mètres carrés. Il fait chaud. Trois bigotes chantent (version mamie du font de l'église) des cantiques a Marie devant un hôtel qui lui est dédié... après deux heures de mélange de sueur et marchage sur les pieds au son des enfants qui font péter des pétards dans la rue, une grosse bousculade nous propulse vers la cuisine où s'organise une distribution de paniers garnis de confiseries diverses offerts par la famille hôte. Le groupe qu'on était avant d'entrer dans la boite à sardines se reconstitue dehors et les Nicas avec lesquels on était lancent une motivation pour aller s'en faire une autre!!! Ça va aller!! J'ai beau aimer les sucreries, ma piété envers le dieu bonbon n'ira pas plus loin!!!
Une autre cérémonie du genre s'appelle la Posada. C'est une grande marche de nuit qui commence a 4h30 du matin, au parc central. Les récits de cantiques emmènent la foule a travers la ville (sous la pluie cet année: nos bigotes préférées ont encore frappé!!!) jusqu'au petit matin où une distribution de picos (genre de chausson au miel) clos la cérémonie. Merci a Julie, Sarah et Marie qui ont bien voulu passer ce moment sous la pluie et partager leurs impressions derrière des cernes humides et baillants, mais souriants!! Ah, la magie de Noël!!!

Et voilà... Les vacances font fuir ceux qui étaient pressés de partir et je me retrouve seul. Arrive le 24 décembre. C'est le matin. Je n'ai plus de cigarettes. Je sors donc pour m'en acheter un peu. Je pourrais aller dans la venta juste en face, mais j'en connais une un peu plus loin qui vends des cigarettes de contrebande a moitié prix... (12 cordobas au lieu de 18 ou 20... 1 Euro = 27.67979 Cordoba!!) Bin oui, les fumeurs me comprendront dans ma recherche des clopes les moins chères, non? Et puis ça me fait une petite promenade...! et j'aime bien la vendeuse avec ses cheveux noirs tous lisses qui descendent plus bas que les genoux... OK, elle est pas très grande, mais ça fait long quand même. Comme à mon habitude je salue les gens que je connais en passant (c'est sur le chemin de l'atelier). Au retour, Don Cesar, un gros cowboy qui passe le plus grand de ses journées assis sur une chaise en plastique devant sa grosse maison, m'appelle à le rejoindre avec ses compagnons. Je vais pour leur serrer la main, ça sent l'alcool et les yeux bouffis (il est genre 9h du matin...). Ils insistent pour que je m'asseye parmi eux. Je ne veux pas les contrarier et fini par céder... Don Cesar baragouine un anglais incompréhensible, mais je saisi quand même qu'il est entrain de me raconter qu'il a juste pris une douche, qu'il n'en avait pas prise depuis trois jours parce qu'il était dans sa finca (ferme) en dehors de Bluefields, et qu'il avait les couilles qui lui collaient... (excusez moi de ces détails, mais a neuf heure du matin, à peine réveillé, une personne à forte prestance il faut dire, avec une haleine au rhum qui vous raconte ça, la chemise ouverte sur une chainette dorée et poilue, la main pleine de baguouses, me parait être une expérience suffisamment particulière pour être partagée...!) Il me dit encore qu'il m'aime bien parce que j'ai l'air de bien aimer tout le monde (ce qui n'est pas forcément faux), et après avoir offert une tournée de cigarette et péniblement refusé de partager leur rhum (j'avais encore la bouche empâtée du réveil!!), j'ai poliment pris congé. On m'avait dit qu'à Noël, ça picole pas mal, et c'est pas la première fois que je croise un bourré du matin... mais pour un matin de 24 décembre, ça m'a fait tout de même un peu bizarre... Un sourire un peu triste... J'aime bien boire... Si, si, c'est vrai... mais la, ici, c'est trop tout le temps quand même... (désolé, j'ai pas de photo pour illustrer ce paragraphe... Je demanderais à Don Cesar si il veut bien à nouveau ne plus se laver pendant trois jours pour que je puisse en prendre une, mais je ne vous promets rien...!! Oui, mon passage en lycée agricole a laissé des traces... excusez-moi!).
Tout est donc près pour la fête: des maisons repeintes aux boules de Noël astiquées...